La bataille des Dardanelles

 

shadow
 

Marcel Krieger (31-10-1895 - 18-09-1915)

 

militaire

Le contexte historique :
L'Alsace et la Lorraine étaient annexées par la Prusse depuis la guerre de 1870. Le ressentiment envers les allemands était fort. Pour offrir une compensation, Bismarck avait même encouragé les Français à agrandir leur Empire au Magreb. Pour de nombreuses familles d'origine Alsacienne ou Lorraine, la déclaration guerre en 1914 devait être l'occasion d'une revanche pour reprendre les territoires annexés. Marcel Krieger, soutenu par son père, Edouard Krieger, s'était engagé volontaire.

carte de gallipoli


Carte des Dardanelles

La stratégie des Dardanelles d'après Churchill consistait à ouvrir un second front. La campagne se déroula du 25 avril 1915 au 8 janvier 1916 date de l’évacuation. Elle fut un échec
En noir les parties occupées par les troupes Françaises et Anglaises. Comme on peut le constater, la pénétration du territoire se limitait à une faible surface.

D'après le général allemand Liman von Sanders, l’armée turque a compté au plus fort de la bataille jusqu’à 22 divisions. Ses pertes ont été d'environ 218 000 hommes dont 66 000 tués; Les pertes furent de 170 000 du côté anglais et de 40000 français (70% d’officiers tués et 56% d'hommes de troupe).

Marcel Krieger était tireur d'élite; il a probablement été lui-même la victime d'un tireur d'élite turc.

Extraits du journal de Marcel Krieger qui relate la vie quotidienne dans les tranchés.

journal des tranchées

 

journal des tranchées

 

vue du detroit des dardanelles

 

Cimetière militaire de Gallipoli

 

Cimetière militaire de Gallipoli Détroit des Dardannelles en Turquie; Louise et Edouard Krieger se recueillent sur la tombe militaire de leur fils; Marcel Krieger (né le 31 octobre 1895 à Tlemsem) sergent mitrailleur de Zouaves engagé volontaire à l'âge de 19 ans tué d'une balle en plein coeur au ravin de Kerevis- Deri presque-ile de Galipoli, Turquie, pendant la campagne des Dardanelles; médaillé militaire, croix de Guerre.

 

revue

Signalons un article plus détaillé publié dans la revue Mémoire Plurielle (no 53 - Décembre 2007). www.memoireafriquedunord.net

 

Les chroniques des journaux de l'époque

 

 


DEUX CENT DEUXIÈME JOUR DE GUERRE
SAMEDI 20 FÉVRIER 1915

La guerre Documentée N° 23

carte des dardanelles

 

TURQUIE : Bombardement de l'entrée des Dardanelles, par une escadre anglo-française.

Commencé le 19 au matin et continué toute la journée, puis repris le 20, après une reconnaissance aérienne qui permit de le conduire mieux encore, ce bombardement, exécuté par une escadre anglo-française, fut dirigé seulement contre les forts qui couvrent l'entrée du détroit, dont la longueur est de 67 kilomètres. Outre vingt contre-torpilleurs, y prirent part une douzaine de cuirassés, dont, comme anglais : l'Inflexible et l'Agamemnon, bâtiments de 16 à 17.000 tonnes, et le Triumph, la Vengeance, le Cornwallis, qui en jaugeaient de 12 à 14.000. Les principaux éléments de l'escadre française étaient le Gaulois, le Suffren, le Bouvet. L'amiral anglais Hamilton Carden dirigeait cette force navale.

A l'entrée du détroit se trouvaient, au cap Hellès, sur la côte européenne, le fort très ancien de Sed-ul-Bahr et celui de Siahim-Kalessi qui le domine; sur la côte d'Asie, le fort de Koum-Kaleh, très vieux aussi tant comme construction que comme armement. A ces forts, s'ajoutaient, de part et d'autre, des batteries armées de canons Krupp, construites en 1886. Ces ouvrages étaient tous d'assez faible valeur. Bombardés d'abord de très loin, avec les pièces à longue portée, ils ne purent même pas riposter. Mais quand, dans l'après-midi du 19, on se fut un peu rapproché pour utiliser toutes les pièces, ce fut en vain qu'ils répondirent au tir des bâtiments anglo-français : ceux-ci restèrent absolument indemnes. La reconnaissance aérienne du 20, au matin, fut assurée par le concours de l'Ark Royal, navire anglais spécial chargé de convoyer hydravions et aéroplanes, et très abondamment pourvu de matériel. Quand on eut ainsi constaté les résultats de la journée du 19, on les compléta par de nouveaux tirs qui réduisirent tous les forts au silence


DEUX CENT SEPTIÈME JOUR DE GUERRE
JEUDI 25 FÉVRIER 1915

La guerre Documentée N° 23


Turquie : La reprise du bombardement des Dardanelles. Son objectif plus étendu. Ses résultats.

(voir le carte au récit du 20 février)

Le bombardement du 20 février n'avait guère eu pour but que d'éprouver la force de résistance des ouvrages défendant l'entrée des Dardanelles. Les opérations du 25 eurent un objectif bien plus étendu. Il s'agissait maintenant de détruire ces ouvrages ou de les affaiblir suffisamment pour avoir libre accès dans le détroit. Après quoi l'on devait procéder, dans celui-ci, au relevage et au dragage des mines qui pouvaient y avoir été semées. C'était une précaution indispensable pour que cuirassés et croiseurs pussent aller attaquer de près, les ouvrages établis dans sa partie la plus resserrée. Tels, le long de la côte européenne, les forts de Kilid-Bahr, de Namazieh et divers autres, qui la couvrent sur une étendue d'au moins 10 kilomètres. Tandis que la côte d'Asie est défendue par la place forte de Chanak, située entre les forts de Hamidieh et de Medjidieh.

La Journée du 25 débuta donc par une reprise des attaques du 20 février. A 10 heures du matin, le Qet le Gaulois se mirent à tirer respectivement, sur les batteries du cap Hellès, les forts de Sed-ul-Bahr, Ormani-Tabia et Koum-Kaleh. Puis la Vengeance et le Corvallis attaquèrent de plus près les deux forts de la côte européenne ; tandis que le Suffren et le Charlemagne en faisaient autant pour ceux de la côte d'Asie, dont ils s'approchèrent jusqu'à moins de 2000 mètres et qui se montrèrent alors incapables de résister efficacement. Enfin le Triumph et l'Albion complétèrent l'œuvre établie et vers la fin de l'après-midi, aucun des forts ne tenait plus. Si bien que le jour même, put commencer le dragage des mines. Il fut assez rapidement opéré pour que, dès le lendemain 26, l'Albion, le Majestic et la Ven, se postant à la limite de l'espace déblayé, pussent attaquer, sur le saillant du littoral d'Asie, qui forme le premier rétrécissement, le fort Dardanus un des ouvrages défensifs de Chanak, qui ne fut pas capable de répondre sérieusement. En même temps, des détachements débarquaient à l'entrée des détroits et détruisaient presque entièrement les forts qui s'y trouvaient. Car les Turcs les avaient abandonnés dès le soir du 25, en incendiant même un village de la région.

 

LE BOMBARDEMENT DES DARDANELLES
Jeudi 11 Mars 1915 (Le pays de France no 21)


L'événement capital de ces derniers jours a été l'entrée des escadres alliées dans le détroit des Dardanelles ; sa répercussion a été considérable et certainement un pas immense aura été fait vers la victoire définitive lorsque la flotte franco-anglaise sera parvenue devant Constantinople.
Sous la pluie d'obus que les cuirassés ont lancés, les forts qui défendent l'entrée du détroit n'ont pu résister ; les escadres sont entrées dans les Dardanelles, s'approchant du passage resserré où les défenses turques sont particulièrement puissantes. Successivement les forts de Sebdulbahr, d'Erthogrul, d'Orkhanieh, de Kum-Kalessi, les batteries de Rengidi ont été détruits ; les navires plus légers se sont avancés pour protéger le dragage des mines sous-marines posées par les Turcs.
Les cuirassés ont ainsi pénétré jusqu'en face de Tchanak-Kalessi, qu'ils ont bombardé. Les forts turcs ont riposté à la canonnade ; mais leurs pièces portaient beaucoup moins loin que celles des grands cuirassés ; aussi leur tir a-t-il été inefficace ; quelques obus ont atteint les navires alliés, ne leur causant que des dégâts insignifiants ; la flotte alliée n'a eu qu'un homme tué et trois blessés.
Pendant ce temps, une division de l'escadre française contournait la presqu'île de Gallipoli et, entrant dans le golfe de Saros, prenait à revers les ouvrages ennemis.

 

avancee des dardanelles

 


DEUX CENT QUARANTIÈME JOUR DE GUERRE
MARDI 30 MARS 1915

La guerre Documentée N° 25

 

carte des dardanelles

Le bombardement des Dardanelles put, à cette date, être appuyé par une canonnade du Bosphore qu'exécuta l'escadre russe de la mer Noire, formée de : quatre croiseurs cuirassés d'un type antérieur aux dreadnoughts, mais néanmoins d'une assez bonne valeur, deux croiseurs protégés, deux canonnières, neuf sous-marins et une vingtaine de contre-torpilleurs. C'est dans la journée du 29 d'abord, qu'eurent lieu les opérations combinées par les Alliés, qui, pour la première fois, se donnaient ainsi la main, des Dardanelles au Bosphore. Le brouillard qui couvrait les côtes de la mer Noire, ne permit pas aux Russes de continuer la lutte aussi longtemps qu'ils comptaient le faire. Pourtant ils causèrent d'assez grands dégâts aux divers forts. D'ailleurs, la veille, ils avaient eu la précaution de prendre aux Turcs plusieurs transports, et de couler bon nombre de leurs bateaux poseurs de mines. En outre, coopéraient avec eux, contre les ouvrages de défense ottomans, des aéroplanes dont l'action ne laissa pas d'être efficace. Puisqu'une de leurs bombes fit sauter, au fort d'Elmas, toute une batterie de canons lourds récemment envoyés d'Essen. L'effet de l'explosion fut même si affolant que la garnison du fort prit la fuite. Quant aux bombes que différents talles allemands jetèrent sur les navires de nos Alliés, elles tombèrent à peu près toutes dans la mer et ne causèrent aucun dommage.

Entre temps, les escadres anglaise et française agissaient toujours, comme nous l'avons dit, sur plusieurs points des Dardanelles et de la presqu'île de Gallipoli. A noter seulement que les bâtiments anglais, qui tiraient sur le fort de Sed-ul-Bahr et la région avoisinante, n'hésitèrent pas à bombarder une propriété même du consul britannique, que les Germano-Turcs avaient eu la malice de transformer en ouvrage fortifié, afin d'obliger ses compatriotes à la détruire

DEUX CENT QUARANTE-SIXIÈME JOUR DE GUERRE
LUNDI 5 AVRIL 1915

 

carte des dardanelles

 

TURQUIE : La défense du Bosphore contre une attaque navale venant de la mer Noire.

Nous avons dit plus haut qu'en attaquant le Bosphore, l'escadre russe de la mer Noire " donnait la main" aux escadres anglo-françaises qui bombardaient les Dardanelles. C'est qu'en effet, bien que séparés par la mer de Marmara, ces deux "Détroits" se font suite en quelque sorte. Nous devons donc donner, sur le second, au point de vue des moyens d'attaque et de défense, les mêmes indications que sur le premier. Dirigé de façon générale, du sud au nord, le Bosphore est plus court que les Dardanelles : à peine a-t-il 30 kilomètres de longueur. Il est aussi bien plus étroit. Car si les deux phares d'Europe et d'Asie, placés à son entrée dans la mer Noire, sont à plus de 3 kilomètres l'un de l'autre, il se rétrécit très promptement ; et sa largeur descend, sur bien des points, à 500 mètres, sans en avoir jamais plus de 700 à 800. Elle est d'ailleurs assez variable, en raison des sinuosités que le terrain présente sur les deux rives, défendues par de nombreux forts, construits surtout le long de la partie du détroit la plus voisine de la mer Noire ; où l'entrée du Bosphore est encore garantie par deux forts bâtis sur la côte, à 5 ou 6 kilomètres de chaque côté : le fort de Kilia en Europe et celui de Riva en Asie. C'est une précaution prise contre un débarquement éventuel de troupes ennemies, qui voudraient tourner ou prendre à revers, les groupes de forts établis le long du detroit. Le premier de ces groupes est constitué par huit ouvrages couvrant les rives, depuis l'entrée jusqu'au rétrécissement, nettement marqué, entre le fort européen de Bouyouk-Liman et le fort asiatique d'Anatoli-Kavak. Le deuxième groupe est formé par cinq forts le long de la côte d'Europe au nord de Thérapia et trois autres sur celle d'Asie. Enfin le troisième groupe comprend deux vieux "châteaux" : Anatoli-Hissar, — chàteau d'Asie - et Roumili-Hissar, - château d'Europe, - qui, construits par Mahomet Il et fortifiés à la moderne, se font vis-à-vis en un point où le Bosphore n'a que 550 mètres de large. C'est le "goulet", au sud duquel, jusqu'à Constantinople, c'est-à-dire pendant une dizaine de kilomètres, on ne rencontre plus d'ouvrages fortifiés, mais des habitations nombreuses dont pas mal sont des palais magnifiques.

Enfin, un fait à signaler, car il est important au point de vue de la défense et de l'attaque, c'est que le courant des eaux du Bosphore va constamment de la mer Noire à celle de Marmara : ce qui ne permet pas l'emploi des mines dérivantes, contre une force navale suivant la direction qu'avaient à prendre les bâtiments russes. D'autant que, dans les parties étroites du chenal, dont la profondeur varie de 36 à 120 mètres, la vitesse de ce courant est assez grande ; puisque, devant Anatoli-Hissar, elle dépasse 9 kilomètres à l'heure: ce qui l'a fait appeler sur ce point "courant du diable" - en turc Cheitan Kindisi.

DEUX CENT CINQUANTE-SIXIÈME JOUR DE GUERRE
JEUDI 15 AVRIL 1915


TURQUIE : Conseil impérial à Constantinople.

A ce Conseil, que présidait le Sultan lui-même. et auquel assistait le Cheick-ul-Islam, furent agitées les mêmes questions qu'au Conseil de guerre tenu le 12 avril. Au cours de ce dernier, comme on l'a vu, les représentants de l'Allemagne avaient déclaré impossible, pour leur pays, de venir plus efficacement en aide à la Turquie. C'est ce qui fut rappelé tout d'abord, avec d'autant plus d'amertume, qu'a ce moment même, Constantinople, attaquée à la fois par le Bosphore et par les Dardanelles, semblait exposée à tomber aux mains de l'ennemi. Au point qu'on discutait déjà le transfert en Asie Mineure, de la capitale ottomane. Mais, tandis qu'au Conseil de guerre du 12 avril, Enver-Pacha et Talaat-Bey avaient, à ce sujet, fort critiqué l'Allemagne, eux-mêmes furent à leur tour vivement blâmés par le prince héritier Youssouf-Eddine, qui reprochait au parti des "Jeunes Turcs", d'avoir entraîné leur pays dans une politique d'aventures pouvant le conduire à sa ruine. Quant au Sultan Mehmed-Rechad, tout en reconnaissant lui-même devoir son avènement à la Révolution qu'avaient provoquée ces Jeunes Turcs, il dit qu'il aurait préféré ne pas régner sur la Turquie et lui épargner les malheurs dont, grâce à leurs folies, elle était accablée. Il affirma d'ailleurs sa résolution d'abdiquer si les dangers qui menaçaient Constantinople, obligeaient le transfert de la capitale en Asie ; et il offrit même au prince héritier, de lui céder le pouvoir séance tenante. Mais le Cheick-ul-Islam fit alors observer que ce prince héritier, Youssouf-Eddine, étant personnellement hostile à la politique suivie par Enver-Pacha, son avènement, en un moment pareil, pourrait amener de très dangereuses complications.

Nous notons ces différents faits, pour donner une idée de ce qu'était en Turquie, l'état des esprits et des choses à cette époque

DEUX CENT SOIXANTE-NEUVIÈME JOUR DE GUERRE
MERCREDI 28 AVRIL 1915
La guerre Documentée N° 26
 

carte des dardanelles

 

 

Relatons, à cette date, le débarquement en Turquie, des forces anglo-françaises; opération dont le bombardement des Dardanelles et du Bosphore n'avait été que la préparation. Elle commença le 25 de grand matin, avant même le lever du soleil, sur six points des côtes à la fois, et réussit immédiatement sur cinq d'entre eux, malgré la résistance d'ennemis solidement retranchés. C'est seulement dans le voisinage de Sed-ul-Bahr, que les défenses accumulées retardèrent jusqu'au soir, l'avance des soldats britanniques. Mais le résultat de cette première journée n'en fut pas moins l'établissement, sur trois points principaux, de puissants corps de troupes disposés comme il suit : les Français sur la côte d'Asie, à Koum-Kaleh ; les Anglais, en Europe, au cap Hellès ainsi qu'au cap Tékeh et près de la baie Morto; les Australiens et Néo-Zelandais, le long des hauteurs de Sari-Baïr et au nord du plateau Gaba-Tépé. Dans l'après-midi du 25, une partie de ces troupes tentèrent contre Yeni-Keuï, une offensive qui provoqua des contre-attaques et toute une série de rudes engagements. Pourtant le débarquement continua, grâce au beau temps. Et le 26, avec l'aide des canons de la flotte, fut attaqué et pris le village de Sed-ul-Bahr malgré les défenses de tout genre qui le couvraient. Le débarquement put, dès lors, s'effectuer en parfaite sécurité. Et, le 27, après avoir repoussé une attaque des Turcs au cap Hellès, les troupes franco-anglaises purent s'avancer et s'établir le soir, derrière une -ligne de retranchements, qui, d'un point situé à 3 kilomètres au nord du cap Tekeh, s'étendaient jusque près de Krithia. Entre temps, les troupes australiennes et zélandaises qui avaient dépassé Sari-Bair, s'étaient trouvées attaquées par les Turcs, ainsi d'ailleurs que les Français le furent, quatre fois, à Koum-Kaleh. Mais ces attaques, carrément repoussées, ne purent empêcher, ni nous ni nos Alliés, de conserver une attitude nettement offensive

 

DEUX CENT SOIXANTE-QUINZIEME JOUR DE GUERRE
MARDI 4 MAI 1915
  

carte des dardanelles

 

TURQUIE : Le débarquement continue aux Dardanelles. Attaque du Bosphore et des côtes de la mer Noire par la flotte russe.

Les Turcs, n'ayant pu empêcher les troupes anglo-françaises de débarquer aux Dardanelles, entreprirent contre elles une série d'attaques de nuit, qui commencèrent le soir du 1er mai et furent très violentes jusqu'au 4. Mais le débarquement n'en continua pas moins : les Turcs subissant même de fortes pertes et 1.250 étant amenés prisonniers à Ténédos. C'est que maintenant, la flotte russe de la mer Noire coopérait, de plus en plus activement, avec nous. Ainsi, notamment le 2 mai, elle bombarda vigoureusement pendant des heures, différents ouvrages du Bosphore : le phare de Karibjeh, Fil Bournou, la Grande Baie (Bouyouk Liman), les deux forts de Kavak, celui de Kilia et la batterie d'El-mas. Sur ce dernier point même, une terrible explosion se produisit, qui fut suivie d'un incendie. Et la riposte, à tout cela, des batteries ottomanes, n'eut pas d'effet. Les bâtiments de guerre turcs durent alors se retirer dans les détroits pour s'y mettre à l'abri de la flotte russe. Car celle-ci surveillait toujours très activement, les côtes de la mer Noire, le long de l'Asie Mineure et jusqu'en Bulgarie. Ce qui lui fournit l'occasion de couler trois navires de commerce ennemis, bien que l'un d'eux se fût cou-vert du pavillon persan.

TROIS CENT SEPTIÈME JOUR DE GUERRE SAMEDI 5 JUIN 1915
La guerre Documentée N° 28


TURQUIE : Nouveaux combats et progrès des Alliés dans la presqu'île de Gallipoli.

Nos progrès dans la presqu'île de Gallipoli, relatés à la date du 3 juin, déterminèrent une contre-attaque des Turcs, qui eut lieu ce même jour, au soir, sur l'extrême droite des positions Françaises. Elle fut repoussée ainsi que celle tentée par eux, sur le centre et la gauche des positions anglaises. Et, le 4 au matin, Sir Jan Hamilton ordonna, sur les tranchées turques de la presqu'île, une offensive générale qu'il fit soutenir par le feu des navires de la flotte britannique. Puis fut lancée une attaque à la baïonnette qui réussit partout, sauf à la droite ou les troupes assaillantes furent arrêtées par un enchevêtrement de fils de fer barbelés que les canons n'avaient pas pu détruire- Ce qui entraîna un recul général, suivi d'attaques nouvelles pendant toute la journée. C'est seulement à 10 heures du soir, que purent être enlevées les tranchées turques qui restèrent aux mains des Alliés; sans que les attaques tentées contre eux, le matin du 5, pussent les chasser des boyaux de communication qu'ils avaient établis pendant la nuit. Aussi le résultat final fut-il pour eux, sur un front de près de 5 kilomètres, une avance de plus de 500 mètres : dans un terrain où se trouvaient trois lignes de tranchées ottomanes, remplies de cadavres, qui témoignaient de l'énormité des pertes subies par nos ennemis. Ces pertes, des nouvelles venues d'Athènes les évaluaient à au moins 100.000 hommes, en ajoutant que 50.000 blessés étaient arrivés à Constantinople. Cela expliquait bien l'affaiblissement, constaté dans la résistance des Turcs qui défendaient la presqu'île de Gallipoli

 

TROIS CENT QUATORZIÈME JOUR DE GUERRE
SAMEDI 12 JUIN 1915 (Voir carte au récit du 1er juin)


TURQUIE • Progrès des Alliés le long des Détroits. Marche sur Maïtos et au delà, vers Gallipoli.

Les Alliés progressaient toujours très activement dans la péninsule de Gallipoli. Le 10, en prenant l'offensive, ils avaient engagé une grande bataille au delà de Kilid-Bahr, vers Maitos, et s'étaient emparés assez promptement des hauteurs qui dominent cette ville, située sur une rive du détroit. Ils ne purent cependant pas l'occuper, à cause de la façon dont elle était battue par les canons du fort de Nagara et des batteries de côte établies en face d'elle sur l'autre rive. Mais ils réussirent à la contourner, à une douzaine de kilomètres de distance, et à se porter au delà, dans la direction de Gallipoli, dont, le 12 juin, leurs éclaireurs n'étaient plus qu'a trois heures de marche. Les Alliés cheminaient ainsi en portant leur aile gauche très en avant, afin de pouvoir au besoin, tourner et envelopper les Turcs, qu'ils savaient être fortement retranchés au nord de la ville. Les aéroplanes dont ils disposaient, leur facilitaient cette manœuvre, en les tenant parfaitement au courant de la situation, aussi les pertes considérables faite par les turcs dans les divers combats livrés autour de Maitos. Tandis qu'eux-mêmes savaient pouvoir trouver de sérieux renforts dans cette région. vers laquelle se portaient les troupes nouvelles qu'on débarquait à Sed-ul-Bahr

 

Pendant la bataille de Krithia le 13 Juin 1915

Le Miroir  no 81

 

poste avancé à Krithia

Un poste d'observation avancé


Le village de Krithia, situé à cinq kilomètres de Seddul-Bahr, dans la presqu'île de Gallipoli, a été le théâtre de combats acharnés. Nos troupes ont enlevé là plusieurs lignes de tranchées turques, à la baïonnette, avec une indescriptible bravoure. Notre photo montre le poste d'observation du général dans une tranchée de première ligne.


TROIS CENT VINGT-TROISIÈME JOUR DE GUERRE
LUNDI 21 JUIN 1915

La guerre Documentée N° 29

 

carte des dardanelles

 

 

TURQUIE : Consolidation des progrès franco-britanniques dans la presqu'île de Gallipoli.

Comme on l'a vu précédemment, c'étaient surtout les ailes du front anglo-français, qui, dans la marche sur Gallipoli, rencontraient de la résistance : parce que les ouvrages défensifs de la presqu'île étaient, en général, établis sur les côtes. D'où la nécessité, quand notre centre avait atteint des points fort avancés, tel Maitos, de reprendre la lutte plus en arrière, contre certains points fortifiés, comme le ravin de Kérévès-Déré. Bien qu'au courant de mai, on s'en souvient, nous eussions entamé déjà cette position, il nous fallut entreprendre une attaque nouvelle contre la double ligne de tranchées turques, qui couvraient tout le cours du Kérévés. Le général Gouraud fit commencer l'opération, le 21, à 4 h. 1 /2 du matin. Et dès midi, la 2e division française avait enlevé tout ce qui se trouvait devant elle. La Ire division, combattant à sa droite, enleva bien également d'abord, les tranchées qui lui faisaient face, mais fut contre-attaquée si fortement, qu'elle dut reculer. Elle attaqua, de nouveau, d'ailleurs, et reprit la position, puis en fut encore repoussée. Alors recommença le bombardement de la gauche ottomane, par les deux artilleries, française et britannique, se prêtant un mutuel appui. Et vers 6 heures du soir, une attaque vigoureuse nous rendit maîtres de 500 mètres des tranchées turques de première ligne ; qui, malgré toutes les contre-attaques déclenchées au cours de la nuit, restèrent définitivement entre nos mains. Vains aussi furent tous les efforts du général turco-boche Liman von Sanders, pour exécuter la menace qu'il avait faite, de jeter l'armée anglaise à la mer. II n'obtint d'autre résultat que la mort de milliers de Turcs, tués par les Australiens et Néo-Zélandais, qui combattaient sous les drapeaux de la Grande-Bretagne.

TROIS CENT TRENTE-DEUXIÈME JOUR DE GUERRE
MERCREDI 30 JUIN 1915 (Voir carte au récit du 21 juin)


TURQUIE : Progrès des Alliés dans la presqu'île de Gallipoli. Avance de l'aile gauche des Anglais. Les Français prennent le "Quadrilatéral"

C'est encore dans la presqu'île de Gallipoli que se passèrent les faits dont, à cette date, on fut officiellement informé. Comme conséquence des succès français du 21 juin, remportés à la droite des lignes alliées, il fallait que l'aile gauche anglaise, placée à l'autre extrémité de ces lignes, se portât aussi en avant. Elle était au sud-est de Krithia et le général sir Jan Hamilton voulait qu'elle avançât de près d'un kilomètre, pour que l'ensemble des forces alliées formât une nouvelle ligne faisant face à l'ennemi. C'est dans la nuit du 27 au 28 que commença l'opération : par un bombardement auquel notre artillerie concourut très efficacement et qui fut dirigé surtout contre les tranchées ennemies voisines de la côte. Il permit bientôt aux Anglais d'assaillir et d'enlever Saghir-Déré: ouvrage avancé de peu d'étendue mais très puissamment fortifié, à l'ouest duquel s'étendaient trois lignes de tranchées qui, aussitôt, furent emportées presque sans résistance. On les trouva d'ailleurs pleines de cadavres, accumulés par le bombardement auquel on les avait soumises. A

TROIS CENT SOIXANTE-DOUZIÈME JOUR DE GUERRE
LUNDI 9 AOÛT 1915


La guerre Documentée N° 31

 

carte des dardanelles

 

AUX DARDANELLES : Nouveaux progrès faits dans la presqu'île de Gallipoli.

De sérieux progrès venaient d'être faits encore, dans la partie méridionale de la presqu'île de Gallipoli. Sur un front de 300 mètres, on en avait gagné 200 en profondeur, à l'est de la route de Krithia. Et nous avions maintenu ces gains malgré les contre-attaques des Turcs, repoussées également sur d'autres points. Sir Jan Hamilton continuait à féliciter les troupes françaises du précieux concours qu'elles prêtaient aux siennes. Il annonçait aussi que deux nouveaux débarquements avaient eu lieu, dont un s'était effectué à Choumouk-Bair, dans ce qu'on appelait la zone d' " Anzac " : c'est-à-dire celle ou opéraient les Australiens et Néo-Zélandais, et qui se trouvait au nord de la pointe de Gaba-Tépé, au pied du massif de Sari-Bair, dont le sommet domine toutes les hauteurs qui entourent Maitos et Kilid-Bahr. En pleine nuit, et seulement éclairés



A suivre....

 

 

 

 

Mise à jour

This page last updated:

Templates in Time